Salut tout le monde,
Et voilà, maintenant je lève la NDA comme on dit dans l'informatique. Elle est arrivée, ceux qui savaient peuvent parler. Et surtout d'abord, la présenter aux membres du fofo. Mais qu'est-ce qu'il raconte vous vous demandez ? Et bien ça fait plusieurs mois que j'ai entamé les démarches pour ajouter une autre VW à la famille. Mais on réagit souvent de deux manières dans nos recherches : soit on en cause à tout le monde dès le début, ou alors -et c'est ce que j'ai fait cette fois-, on attend que tout soit fait pour l'annoncer. Ca en devient presque de la superstition... mais maintenant qu'elle est dans mon garage, je peux vous présenter ma nouvelle acquisition : une Karmann Ghia 1971.
Quelques uns étaient au courant sur le forum, d'autres avaient des bouts d'info mais pas tout. Mais remontons quelques mois en arrière...
C'est mars et mon boulot m'envoie à New York pour quelques temps, et ça tombe bien j'avais jamais mis les pieds là-bas. Au bout de quelques semaines, j'ai envie de voir autre chose que de la ville et je cherche une excuse pour sortir de la ville. Donc je fais comme on fait chez nous : direction "Le Bon Coin" pour voir ce qui se vend dans les parages. Sauf que le Bon Coin, ça s'appelle "The Samba" et c'est spécialisé VW, comme vous savez. Je mets "Rayon de 100km" dans la recherche et je lance. Et parmi les "East Coast Survivors" la voilà, une Karmann Ghia de 1971 dans le Delaware, la chaine de montagne à l'ouest de New York. Donc je trouve la compagnie de bus, et je pars. Sans penser acheter la voiture parce que me lancer dans l'import, ouf non merci. C'est plutôt l'excuse d'une journée hors de la ville.
Sauf que en arrivant, voilà ce que je trouve :
Ouhlala ça flashe le "Signal Orange" mais c'est sympa.
Et elle a des trucs que je ne connaissais qu'en théorie mais n'avais jamais vu en vrai : les éléments de dépollution, choses qui ont souvent sauté pendant les nombreuses années de vie de nos voitures :
Bref elle a l'air sacrément complète pour une voiture de 42 ans. Sauf que c'est une voiture de 42 ans qui n'a pas été entretenue. Elle n'a pas eu beaucoup de propriétaires, ce qui l'a sauvée, mais quand même, la rouille a attaqué les bas de caisse, classique des VW... et encore pire sur les Ghia assemblées à la main.
Bref, je rentre, en disant au proprio que je vais réfléchir, mais de toute façon il en veut trop pour que ça vaille le coup. Je rentre, content de mon petit trip et étonné d'avoir vu une voiture comme ça, dans son jus, avec encore sa roue de secours d'origine !
Ca commence à me travailler un peu, d'autant que c'est rare de trouver une voiture de son année de naissance, n'est ce pas Louise ? J'ai noté le numéro de moteur, il peut coller avec l'année, ce que les détails vus de ci de là laissaient imaginer de toute façon. Le proprio me relance avec une première baisse, il a commencé à voir qu'il était haut par rapport à d'autres, et surtout les acquéreurs préfèrent la Californie et ses voitures sensées ne pas rouiller.
Bref, je commence à me rencarder sur les importations en Europe, les galères, les risques, les prix. Le gars avec qui je bosse me dit "Moi, ce que je vois, c'est que c'est s'ajouter une source d'emmerdes potentiels non nécessaires". Mais bon, il s'en fout des vieilles VW et ne comprend pas pourquoi elles nous rendent fous. Je cause avec un pote anglais qui importe souvent des voitures des US, il me donne des astuces, des adresses, des tarifs. Je recommence à réfléchir, toujours en me disant "C'est sûr que j'ai pas forcément besoin d'ajouter des galères à ma vie...", mais bon, on se refait pas. J'ai aussi montré les dizaines de photos faites à mes potes carrossiers spécialisés VW qui m'ont dit que la rouille, même en bas de caisse, ça se répare toujours, et que si je la ramène et change d'avis, ils me la rachètent. Bon là je résume, tout cela s'étant étalé sur quelques semaines et quelques centaines d'emails. Là-dessus, le proprio qui en a marre de se faire balader par les autres visiteurs revient vers moi avec une offre qui ne se refuse pas...
Finalement, je craque et je dis ok. On se croise pour les papiers et les arrangements, je dors pas la nuit d'avant, ni celle d'après, mais c'est fait ! Je suis propriétaire d'une Karmann américaine. Sauf qu'elle est encore là-bas à ce moment là. Je lance l'opération Export/Import avec tous les contacts que j'ai pris. La décision prise est de la faire entrer en Europe par l'Angleterre, ce sera plus facile pour pleins de raisons. Et six mois plus tard, elle pourra passer en CG française.
Le "shipper" me donne rendez-vous pour la déposer à l'entrepôt où elle attendra qu'il y ait suffisamment de voitures pour remplir un conteneur. Le proprio avec qui j'ai négocié de l'apporter la débarque sur un plateau car sa femme refusait qu'il la conduise - vu que techniquement, l'ayant vendue elle n'était plus assurée.
On se croise à nouveau pour faire les derniers papiers et signer les documents de départ.
Les gars de l'entrepôt sont sympas et comme ils voient qu'on est assez branchés bagnoles, ils nous font visiter un peu les lieux. Sur le parking, un Split attend de partir parmi d'autres voitures :
Dedans, c'est une base de Hot-road qui part en Angleterre, une Mercedes pour je ne sais plus où et une Mustang moderne dans les Emirats :
Une BMW des années 20 attend de partir au Qatar - et oui, ils ne rachètent pas que le PSG...
Une Mustang ancienne attend son tour elle aussi :
Bref, on est comme des gosses dans un magasin de jouets. Sur le chemin du retour, je tombe sur un shop VW à quelques centaines de mètres. On voit des signes partout pour se justifier de ce qu'on fait, non ?
D'autant que c'est une Triple White au milieu des cox, hélas bien entamée...
En fait j'avais entendu parler de ce shop, c'est Pegasus, l'un des rares de la côte Est et connu pour sa berline rallongée façon mariage... Pas trop fan, mais du gros boulot c'est clair :
Les gars me disent qu'ils ont une Epilog à vendre, première main à 11000$ et 50000km d'origine, et avec la clim'. Ah c'est clair que c'est sympa aussi ce genre de rareté - dans 10 ans j'y repenserai quand les bombées seront aussi chères que les pré-68...
Je rentre en France, et là ça se complique un peu. Forcément, sinon ce serait trop facile. Les 3 semaines de transport qu'on m'avait annoncé vont devenir 8 parce qu'ils attendent d'avoir plus de voitures pour l'Angleterre et qu'elles arrivent au compte-goutte. En plus forcément, on ne te donne que peu de nouvelles. Donc pour les angoissés, je ne recommande pas les achats à l'étranger. Y'a pas de numéro de suivi Colissimo comme sur les pièces qu'on achète pour nos VW !
Et finalement, elle arrive fin juillet en Angleterre. Evidemment pendant mes vacances... Heureusement le hasard fait bien les choses, le gars qui m'a donné des conseils pour l'opération reçoit en même temps 6 VWs de Californie ! D'un coup, je me sens petit joueur ! Il récupère la mienne au passage et la stocke en attendant mon retour.
Il y a quelques semaines, on s'organise avec un pote de VW-Camper et on monte pour l'opération "KG - Part I". On veut la préparer pour le voyage en France, vu que ce sera le premier long voyage d'une voiture que je n'ai conduite qu'une fois pendant 20 minutes. Il faut aussi lui faire passer le Contrôle Technique anglais, le fameux "MOT" pour lancer la demande de CG. Donc on bosse toute la journée, changement d'huile, vérif d'usage, sans trop en faire car comme on dit là-bas "If it ain't broke, don't fix it".
On trouve quand même que ses pneus rechappés chinois ont vraiment une sale gueule et ne tiendront pas le voyage pour 3 d'entre eux. La bande de roulement se décolle !
De fil en aiguille, par le hasard des marchands de pneus (ben oui forcément, personne n'a en stock du 155/15/80), un gars nous envoie chez "un type qui fait de la VW depuis 40 ans et devrait vous vendre un train de pneus d'occasion".
C'est clair, il n'a pas menti :
Sur bien 1000m2 s'entassent toutes sortes de pièces de VW aircooled, on est comme des gosses à Noël avec le pote :
Le lendemain, en route pour le MOT. La loi est pratique là-bas : tu as le droit d'aller au MOT (et revenir) avec les plaques d'origine de la voiture. Il faut juste pouvoir prouver que tu as bien rendez-vous si la police t'arrête. J'ai quand même pas envie que la police m'arrête, le timing étant trop serré. Du coup je serre les fesses chaque fois que je croise une voiture à gyrophare. D'autant que je n'ai pas de plaque à l'avant, ce n'était pas obligatoire dans l'Etat où la voiture roulait avant mais c'est pas discret ici en Europe...
La voiture réussit son CT - c'était une des mes angoisses, mais la rouille n'est pas un souci comme l'auraient été des freins faiblards ou une direction pleine de jeu. Il y a quand même une roue qui a chauffé pendant la dizaine de bornes que j'ai faite. Le gars me donne un coup de main et on règle le tambour en question. Le MOT en main, mon dossier est complet et est déposé au bureau des immatriculations. Le pote anglais me dit "3 jours pour les papiers en moyenne", sont efficaces ces anglais !
Une semaine plus tard, c'est l'opération "KG - Part II" qui se met en place : je monte la chercher et une copine a décidé de venir pour m'accompagner dans ce road-trip d'un peu plus de 350km. On part aux aurores car je flippe la panne avec une voiture que je ne connais pas trop. Mais je repense à mon pote qui a fait 1000km avec une KG de 58 qu'il ne connaissait pas et pissait l'huile...
On arrive à l'heure au bateau :
Pendant la traversée, on a une voisine qui louche. C'est sûr que si on peut immatriculer ça en Angleterre, c'est pas un souci d'immatriculer une KG entièrement d'origine !
Le voyage se passe vraiment bien. La voiture ne chauffe pas, ne mange pas d'huile, freine mieux à mesure qu'elle roule. Et sur les nationales, c'est le top d'être posé si bas, on a l'impression d'aller vite même à 80 !
Finalement, on sera rentré avec une moyenne de 7L aux 100. Ok, en roulant tranquillou par les nationales, mais ça reste vraiment correct.
L'une des promesses que j'ai faites à l'ancien proprio, c'est de lui envoyer une photo de sa voiture à la tour Eiffel et une aux Champs Elysées. Je suis une personne de parole, c'est donc une des premières choses que j'ai faite une fois par chez nous.
Aujourd'hui, deux membres émérites du fofo sont venus voir la bête. Ok, c'est pas une bombée, mais je pense qu'elle est largement acceptée.
C'est sûr, le "Signal Orange" c'est pas aussi flash que le "Saturn Yellow" mais au moins à l'époque on osait les couleurs vives !
La prochaine étape c'est de la descendre dans les Alpes où elle sera auscultée de manière poussée. Selon l'ampleur des travaux, il faudra alors décider si elle reste, si c'est la cox doit partir pour financer la resto, ou si c'est elle qui repart. Mais une chose est sûre, on s'attache très vite à ces voitures d'un autre temps à la conduite plus floue que nos McPherson "modernes" ! Surtout quand les 400 premiers km se passent si bien.